Ce titre aurait bien pu s'écrire comme ceci: "Apprendre avec plaisir". Les enfants aiment apprendre. Ils sont curieux, enjoués et aiment expérimenter, mais ils se lassent de la monotonie, des explications trop longues et d'être passifs durant le temps d'apprentissage.
C'est un défi quotidien pour les enseignants d'intéresser leurs élèves durant plusieurs heures consécutives. La venue des tableaux blancs interactifs a ajouté une plus-value. Encore faut-il être à la fois très bon orateur, comédien ou clown pour les faire rire et maintenir leur intérêt.
Chez les petits de 3 à 5 ans, lorsque nous animons des ateliers de stimulation du langage, nous sommes privilégiés de pouvoir exploiter leur monde imaginaire avec des personnages fictifs ou connus. Chaque apprentissage est conçu sous forme de jeu. C'est si bon et si efficace d'apprendre avec plaisir!
Petite routine lors d'une séance
La routine est essentielle à l'apprentissage. Elle sécurise les petits qui pourraient être anxieux. Elle permet l'intégration de connaissances. Mine de rien, elle favorise aussi l'autonomie.
C'est enfin l'heure. Les petits cocos entrent dans le local où se déroulent les ateliers. La seule pièce recouverte d'un tapis. Les enfants prennent un coussin et s'assoient autour de la petite table basse. Cela fait partie de la routine. Il n'est donc plus nécessaire de répéter cette consigne.
Ils sont tous yeux devant l'intervenante, prêts à réciter la formule magique afin que le lapin sorte du chapeau avec un nouveau phonème. Quel sera ce son qu'il veut bien nous faire entendre? Les enfants voient l'image d'une voiture prise dans la neige. Ils essaient de la démarrer: R R R. Les petits s'efforcent de racler leur gorge. Antony est gêné. Il laisse les autres copains s'exercer, mais il ne tardera pas à s'essayer. Il veut lui aussi réussir et l'intervenante le félicite. Il recommence et prend confiance. Il ne réussit pas toujours, mais ce n'est que le début. Cet objectif sera poursuivi tout au cours de la séance par d'autres activités. On n'insiste pas trop car l'objectif est de taille et le but est de les stimuler et que le jeu reste un jeu.
On présente alors aux enfants une nouvelle activité. Je sors un grand tableau aimantée avec des images. "Voici un garçon", dis-je. "Que fait le garçon? Je pointe l'image d'une paire de grands yeux. Ah, il regarde. Le garçon regarde. Le garçon regarde quoi?" Chacun leur tour, ils pigent une image, la nomment et la collent au tableau. "Le garçon regarde un wagon. Excellent!"
C'est ainsi qu'en jouant, ils apprennent à créer des phrases avec des images et qu'ils sont stimulés à ajouter des déterminants devant les noms. Ils n'ont pas encore conscience qu'on les prépare doucement vers des apprentissages scolaires. Pour les enfants qui éprouvent des difficultés langagières, notre souhait est de leur rendre la tâche plus facile pour leur futur apprentissage de la lecture et de l'écriture.
C'est ainsi qu'en passant d'un jeu à l'autre, les enfants apprennent avec plaisir et collaborent plus efficacement. Nous en sommes à la 3ème session d'ateliers de stimulation du langage à la clinique CEPRA et chaque fois, les enfants sont heureux de revenir jouer et les parents en redemandent. Et si vous demandiez à ces petits cœurs s'ils veulent apprendre quelque chose de nouveau aujourd'hui, ils vous répondraient facilement : "Avec plaisir!"
